Les fortifications en Velay

Par Mélinda Bizri

Le Velay médiéval constitue un champ de recherche aujourd’hui encore peu exploité d’un point de vue archéologique. Riche de nombreux travaux d’historiens et d’archivistes de la fin du XIXe s. et de la première moitié du XXe s., l’histoire du Moyen Âge en Velay s’est surtout faite au travers de l’étude généalogique de grands lignages. Depuis les années 90, un coin de voile s’est levé sur l’architecture des châteaux de ce territoire avec des études dans les Cahiers de la Haute‐Loire et surtout avec la publication des Châteaux de Haute‐Loire, chez Watel (Régis Thomas, 1993, 469 p.). Une grande partie de ce patrimoine se trouve classé ou inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques, d’autres sont laissés à l’abandon. Aucune étude de synthèse n’a été proposée jusqu’alors pour la compréhension de l’architecture de ces châteaux. C’est le défi que nous nous sommes posés lorsque dans la perspective de poursuivre nos travaux de recherches en thèse, nous avons choisi l’étude de la fortification en Velay. Au Moyen Âge, les châteaux du Velay sont aux mains de l’évêque et de grands lignages. Les conditions de la mise en place de ce territoire aux alentours de l’an mil restent assez peu connues et le réseau castral se dessine plus clairement seulement au XIIIe s. aux travers des allégeances des seigneurs faites à l’évêque du Puy. Aujourd’hui le territoire est quadrillé d’un nombre important de châteaux médiévaux et modernes parfois inconnus des textes. Ces témoins architecturaux reflètent le passé de l’organisation et l’encadrement civil du territoire.

Porte de saint-pal-en-chalencon

Figure 1 : Saint-Pal-en-Chalencon

 

D’un point de vue historique, nous avons choisi d’aborder les politiques de mise en défense du territoire lors des épisodes guerriers de la fin du Moyen Âge (guerre de 100 ans) et des guerres de Religion (1562‐1598). En effet, le pouvoir des seigneurs et des communautés peut être évalué au travers de leurs implications dans les questions militaires. Ces politiques de fortifications militaires, qu’elles soient locales ou régionales, menées par un individu ou une collectivité ne sont pas les mêmes au XIVe s. et au XVIe s. Au travers des différences ou des similitudes du traitement de ces questions durant ces périodes, ce sont alors les mutations du bas Moyen Âge qui sont abordées (politiques, économiques, sociales, etc.). D’un point de vue archéologique, nous menons une prospection sur une sélection d’édifices répartis sur les communes constituant le Velay. Ces édifices, châteaux, maisons fortes, églises ou villages fortifiés, de la fin du Moyen Âge sont dans divers états de conservation. Nous récoltons sur le terrain des données concernant la fortification de ces édifices, qu’elle soit d’ordre topographique (position dominante, etc.) ou architectural (éléments de crénelage, bretèche, échauguettes, ouvertures de tirs, etc.). Ces données constituent des documents à part entière, au même titre qu’un texte. Ils sont analysés dans le but de mettre en évidence les pratiques de fortifications en Velay. Ce sont les questions d’efficacité militaire et donc la technicité des réalisations qui guident d’abord notre regard. Puis, nous réévaluons cette première impression dans un contexte plus large, celui de la résidence. Rappelons qu’au XVIe s. les aménagements de confort deviennent une priorité dans l’habitat rural qui est alors qualifié d’habitat de plaisance. Cette esthétique est notamment véhiculée dans le décor architectural des maisons (les portails, les cheminées, les moulures soulignant les ouvertures, etc.) selon les préceptes issus du courant de la Renaissance. La recherche que nous avons engagée depuis maintenant trois ans amorce un nouveau questionnement du territoire de Velay qui n’a pas fini de délivrer tous ses secrets. Nous espérons pouvoir à terme exploiter les résultats en analyse spatiale en utilisant l’information géolocalisée (Système d’Information Géographique), afin de réaliser des cartographies argumentées pour un croisement original des données. Ainsi, nous espérons que cette étude pourra contribuer à un renouvellement de la connaissance du passé architectural du Velay.

Le Viallard - Saint-Germain-Laprade

Le Viallard – Saint-Germain-Laprade

TRAVAUX ET PUBLICATIONS

BIZRI M. 2004 : Le château de Beaufort à Goudet (43). Mémoire de maîtrise, sous la direction de Nicolas Reveyron, Université Lumière Lyon 2, 2 volumes, 222p.
BIZRI M. 2005 : L’enceinte urbaine de la ville du Puy‐en‐Velay (43), Histoire et archéologie, étude de la fortification en Velay à la fin du Moyen Age et au temps des Guerres de Religion XIVe‐XVIe s. Mémoire de master 2, sous la direction de Nicolas Faucherre, Université de Poitiers, 2 volumes, 212p.
BIZRI M. 2006 : Pouvoir et territoire en Velay au Moyen Age : l’exemple de Goudet. Cahiers de la Haute‐Loire, 83 – 102.
D’AGOSTINO L., BIZRI M., GASCUEL G., TISSOT M. 2007 : D.F.S. de fouilles programmées, Forteresse de Polignac (Polignac, Haute‐Loire). La Seigneurie. Fondation de Polignac / DRAC Auvergne – S.R.A. ‐ BIZRI M. (à paraître): Le château et la guerre, idées reçues, Arqueología, Historia y Viajes sobre el Mundo Medieval.
BIZRI M. (à paraître): Les fortifications en Velay (43) à la fin du Moyen Âge et au temps des Guerres de Religion. Doctorat en cours, sous la direction de Bruno Phalip, Université B. Pascal Clermont‐Ferrand 2, soutenance prévue fin 2009.

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À propos de Mélinda Bizri

Doctorante en histoire de l'art et archéologie médiévale à l’Université B. Pascal de Clermont‐Ferrand II, Doctorat en cours intitulé « Le paysage fortifié du Velay (43) à la fin du Moyen âge (XIIIe - XVe s.) »
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